LE RACHIS CERVICAL
1. PRÉSENTATION ANATOMIQUE :
Le rachis cervical est une courbure secondaire. Très souple, il autorise des amplitudes de 180° en rotation. Il est composé de sept vertèbres et se tient entre, en haut, la base du crâne, soit l’occiput, et en bas, la portion dorsale. Classiquement on divise cette courbure en deux parties :
- un rachis cervical inférieur
- un rachis cervical supérieur.
1.1 Le rachis cervical inférieur :
Le rachis cervical inférieur se compose de cinq vertèbres allant de C3 à C7. Chaque corps vertébral présente un petit rebord qui oblige les vertèbres à se mobiliser en inclinaison et en rotation du même côté. Les apophyses transverses sont différentes qu’au niveau lombaire et dorsal. Elles sont plus larges et présentent un trou dans lequel s’engage l’artère vertébrale.
C’est une artère très importante qui vascularise la fosse postérieure du crâne, le cervelet (centre de l’équilibre, de comparateur entre un geste souhaité et effectivement réalisé), le tronc cérébral (voir le rachis cervical supérieur), mais aussi, le vestibule (organe sensoriel de l’équilibre).
L’extrémité de ces apophyses transverses est en forme de gouttière. Dessus reposent les racines nerveuses qui sortent de la colonne vertébrale.
1.2 Le rachis cervical supérieur :
L’anatomie de cette portion vertébrale est d’une extraordinaire complexité. Le rachis cervical supérieur se compose des deux premières vertèbres cervicales et d’une partie de l’occiput (c’est l’os qui est derrière la tête).
Si les dysfonctions du rachis cervical inférieur intéressent plutôt l’adulte, celles du rachis cervical supérieur sont plutôt dévolues au nouveau-né et à l’enfant. Cela veut dire qu’un adulte ayant une dysfonction de la base du crâne doit être abordé avec un grand respect. L’ostéopathe ne peut corriger en 10 minutes ce que la Nature a mis des années à compenser.
L’ATLAS :
C‘est la première vertèbre cervicale. Sur elle, repose l’occiput. On connaît le mythe d’Atlas qui porte le monde sur ses épaules. Cette vertèbre porte la tête sur deux surfaces articulaires.
Sur cette image tirée de l’ouvrage de Kapandji, on se rend bien compte des proportions entre l’atlas et la boite crânienne.
- Sur cette image tirée de l’ouvrage de Kapandji, on se rend bien compte des proportions entre l’atlas et la boite crânienne.
L’AXIS :
C’est la deuxième vertèbre cervicale. C‘est une vertèbre un peu spéciale. Elle présente sur sa partie antérieure une grosse apophyse qui remonte vers le haut et se place contre l’arc antérieur de l’atlas. Elle permet à l’atlas de pouvoir tourner sur elle.
C’est la première vertèbre que l’on palpe par son apophyse épineuse juste sous l’occiput.
1.3 Les mouvements :
Les mouvements du rachis cervical supérieur sont assez complexes.
L’occiput bouge sur l’atlas en avant et en arrière, c’est l’articulation du oui. Mais dès lors que l’occiput fait une rotation, par une mise en tension de ligaments reliant l’occiput à l’axis (la deuxième vertèbre cervicale), il fait aussi une inclinaison controlatérale (de l’autre côté). On le voit souvent dans les attitudes de torticolis.
L’atlas présente des mouvements de glissement latéral sous l’occiput. Ce mouvement participe à l’inclinaison controlatérale de l’occiput lors d’une rotation. Il présente aussi des mouvements de rotation sur l’axis. C’est l’articulation du non.
L’axis participe aux mouvements de l’atlas et de l’occiput par les mises en tensions musculaires et ligamentaires. En revanche, ses mouvements par rapport à C3 (troisième vertèbre cervicale) sont ceux d’une vertèbre cervicale du rachis cervical inférieur. Soit flexion ou extension pure et rotation et inclinaison du même côté.
2. LES PRINCIPALES PATHOLOGIES :
Les pathologies du rachis cervical sont très nombreuses tant son rôle est important. Il a une fonction de support mécanique de la tête, et contient l’essentiel de nos sens posturaux et d’ouverture sur le milieu extérieur.
La cervicalgie aiguë, le torticolis :
Une élève vient en cours avec un torticolis hyperalgique (très douloureux). Les différents tests réalisés montrent une fixation viscérale entre la face inférieure de son foie et la vésicule biliaire qui repose sous lui. L’amélioration des plans de glissement entre ces deux organes, soulage de manière quasi-instantanée son torticolis. Cela peut surprendre au premier abord, mais l’explication est très simple.
Le foie et la vésicule biliaire sont entourés des fines membranes qui sont innervées sensitivement par un nerf, le nerf phrénique. Ce nerf (pour le trajet droit), sort de la colonne cervicale entre la troisième et quatrième vertèbre cervicale. Il descend le long du cou, partage des connexions au niveau du sommet du poumon (on parle d’anastomoses) avec le nerf vague (système parasympathique), le ganglion stellaire (système sympathique), et le nerf du sous-clavier (muscle reliant la 1ère côte à la clavicule). Il descend ensuite dans la cavité thoracique ou il innerve les plèvres et notre grand muscle inspiratoire, le diaphragme. Traversant le diaphragme, il continue son trajet en allant innerver ces fines membranes dont nous parlons et se termine enfin sur le pole supérieur du rein droit.
Or, les nerfs sont médiateurs de l’inflammation et véhicule la douleur. Aussi, améliorant les rapports anatomiques entre la foie et la vésicule biliaire, cette élève a vu son torticolis disparaître.
Là encore, attention, tous les torticolis n’ont pas forcément pour cause, une dysfonction des plans de glissement viscéraux. Cet exemple est choisi pour signifier qu’une cause peut être éloignée d’un effet.
Les vertiges d’origine cervicale :
Les vertiges d’origine cervicale intéressent la pathologie de cette artère dont j’ai parlé plus haut, l’artère vertébrale. Sur ces images, on peut voir cette artère, contourner l’atlas par l’arrière pour rentrer dans la fosse postérieure crânienne.
Une patiente consulte pour des vertiges et acouphènes (bruits dans les oreilles) suite à un accident de voiture survenu l’année précédente. L’examen palpatoire de son rachis cervical supérieur montre une souffrance de cette grande membrane aponévrotique traversée par cette artère.
Le débit artériel est diminué et dans certains mouvements, notamment de travail sur ordinateur (la tête est penchée vers l’avant et met en tension cette aponévrose), la patient décrit ces vertiges et nausées. Cette artère vascularise, en effet, les centres du vomissement dans le tronc cérébral.
3. TRAITEMENT OSTÉOPATHIQUE :
Le torticolis :
Dans l’exemple cité précédemment, il s’agissait d’un torticolis d’origine viscéral. Dans un premier temps, le traitement consistera alors a améliorer les plans de glissement entre le foie et la vésicule biliaire. Secondairement, il faudra quand même aller libérer le rachis cervical inférieur des tensions résiduelles.
Le patient est assis sur la table, jambes pendantes, le thérapeute se place derrière et doucement investigue avec la plat de ses mains (pas le bout des doigts, ça fait mal !!) la face inférieure du foie et localise la vésicule biliaire. De sa main droite, il maintient le foie vers le haut tandis que la main gauche refoule la vésicule biliaire vers le bas et la gauche. L’ostéopathe continuera la manœuvre jusqu’à ce que la vésicule biliaire ne soit plus douloureuse et se mobilise dans tous ses plans de glissement sous le foie.
Dans un deuxième temps, l’ostéopathe pourra réaliser un pompage de la région cervicale inférieure dans manière à détendre et libérer les dernières tensions.
Le vertige d’origine cervical :
Le patient est allongé sur le dos, l’ostéopathe se place à sa tête. Grâce à sa palpation, il cherchera dans un premier temps à détendre la musculature si richement innervée à cet endroit. La simple détente des muscles dit verniers permettra de retrouver les plans de glissement physiologiques entre l’occiput, l’atlas et l’axis.
Avec des techniques comme l’écoute tissulaire, l’ostéopathe cherchera dans un deuxième temps à améliorer la qualité (on parle de trophicité) de cette aponévrose et du ligament nucal.
Suivant l’ancienneté de la dysfonction, le patient aura développé des compensations qui consistaient principalement en la sous-exploitation des informations issue de ces muscles. Il sera alors proposé une rééducation avec un kinésithérapeute (correctement formé !). Cette prise en charge aura pour but de redonner au patient la possibilité d’utiliser correctement son rachis cervical supérieur, mais surtout de lui rendre sa principale fonction, celle de communication avec d’autre structures comme les yeux, le vestibule, la plante des pieds,… sa fonction posturale.